dimanche 20 décembre 2015

Toile


Une toile. L'image de ton dos
Nu, à la fenêtre tes deux mains
Egarées dans le flot
Cru, d'une brassée de lumières.
Tes seins, ou leur mirage, en écho
De mes rêves cachés sous tes paupières
Une toile, univers et enclos
Tendue sur le châssis
De nos vies éphémères.

vendredi 4 décembre 2015

Tourments


Sur le plateau de bois se serrent quatre pommes
Jaunes, rougies mais à la peau fripée
Dans la boîte d'os grise une souris grignote
Le gruyère mou de mon cerveau usé.
Je pense à ces pensées tranchantes et vermeilles
A ces traces incisives, nettes, acérées
Autrefois. Comme un filet descend, emprisonne
L'espace, le brouillard s'étale, envahit
Les allées les recoins carrefours. Les ombres
S'effilochent, l'opaque rafle la mise, les ruelles
S’endorment, les avenues peu à peu se transforment
En voies sans issues.

Sur le plateau de bois, rouges mais jaunies se fripent
Quatre pommes, serrées ; leur silence indulgent
Apaise mes tourments.

mercredi 7 octobre 2015

Enfant


Je me souviens je crois, d'une fumée âcre
De chemins de feuilles ocres
Qui sous les pieds craquellent
D'odeurs du matin à l'orée de l'éveil
Du temps qui prend son temps à réveiller la terre
D'instants recueillis là, accueillant la lumière.
Je me souviens, c'était, je crois, avant-hier.


Attendre, oublier ce qui se fait attendre
Attraper puis laisser se dissoudre les trappes
Chasseur de mystères inconscient du mystère
Même de la chasse, voleur gai du vertige
Souriant à l'audace, se riant des menaces,
Enfant ! Sans souci pour ses pleurs
Infiniment fugaces, ignorant des tourments
Qui peu à peu, un lendemain
Refont surface.

samedi 5 septembre 2015

Fragments


Si tu pousses les portes cachées sous le linteau
Comme une escorte revêche glissant incognito
Dans les ombres qui peignent ces fragments d'obsessions...

Si tu entends les rêves dans les poussières d'antan
Comme une danse lointaine au miroir captivant
Dans les eaux qui reflètent ces fragments d'illusions...

Si ton âme sereine discerne sous les traces
Des vestiges d'hier, l'irrépressible trame, filigrane tenace
Du temps ; parcelles de mémoires, fragments de partitions...

mercredi 2 septembre 2015

Info !

Vernissage ce jour, expo jusqu'au 2 octobre... A Béhuard (49), un joli lieu.


lundi 3 août 2015

Sens


Comme les mailles d'un filet, d'une nasse
Les herbes aux tiges enchevêtrées l'enlacent, le menacent.
Si les chants, les échos, bruissements l'environnent
Ses pensées encerclées vainement tourbillonnent
Et le laissent pantois, hagard jusqu'au vertige.
Sourd.

La lune, fidèle à ses serments nuit après nuit veille
Elle berce la mer de vagues en ressacs, de rêves en éveils
Les nuages sculptent en dansant des rides à la terre
Les arbres obstinés s'étirent vers l'éther
Sur son cœur engoncé pèsent des vestiges.
Muets.

Sous le souffle des vents les effluves voyagent
Par delà les sommets les gorges les crevasses
Au-delà des frontières, plus loin que l'horizon
Elles portent l'orage des étreintes voraces
Des désirs impérieux. Erigés. Callipyges.
Aveugles.

lundi 4 mai 2015

Têtes


Sommes-nous autre chose qu'une tête d'épingle
Un tout petit point noir,
Minuscule rondeur dans un billard géant ?

Sommes-nous autre chose que cette pluie acide
Rongeant le creux du ciel jusqu'à le dégrafer ?
Sommes-nous autre chose qu'un torrent d'infortune
Roulant nos hébétudes au sein de nos déchets ?

Sommes-nous nos écrans qui dans la nuit clignotent
Pixels humanophiles, aimables, complaisants
Dans leur férocité ?

Derrière nos portails, des allées, rectilignes
Menant à d'autres portes, massives, verrouillées.
Derrière nos miroirs, nos rires si lugubres
Nos corps qui se délitent vers des fosses à purin.

Sommes-nous nos passés en quête d'une lune
Vers des futurs factices en rêves congelés ?

Errant dans l'univers, ce spasme, cette écume
De l'aube des confins jusqu'aux franges élimées
Petite bille folle, de chutes en culbutes
Je ne vis ni ne meurs, partout terrorisé.


Sommes-nous autre chose qu'une tête d'épingle
Un tout petit point blanc,
Flottant dans le néant de toute éternité ?

samedi 25 avril 2015

Etre-temps


Je n'ai pas pu bouger de crainte d'une chute
Et ne suis pas resté par peur d'enfermement
Je n'ai pas su trouver l'ermite, sa cahute
Je n'ai pas joint mon pas à celui de l'errant.

Je suis dans l'entre-deux, l'étrange crépuscule
Nourri d'aube fragile, d'aurore balbutiant
Le zénith m'ennuie, trop de Majuscule !
Mais les nuages lourds désolent mes tourments.

Je descends quelquefois les marches serpentines
Espère puis déteste les mornes paliers
J'évoque étreins maudis, enfin redessine
Les liens qui se dénouent pour mieux nous relier.

Les jours rallongent raccourcissent. Les ombres
S'étirent se confondent. L'automne
Sang et or, feu, se recueille
Au chevet de l'été.
Compatissant.

lundi 30 mars 2015

Et voilà ! c'est un recueil, textes et photos. "Matières" en est le titre.
Si vous êtes intéressées(és), vous pouvez le trouver ici :

http://www.thebookedition.com/matieres-henri-evrard-p-122725.html




vendredi 6 mars 2015

In-Visibilité


Je suis de ces passants
Qui ne laissent pas de trace
Un vagabond muet aux rires insensés
Un aveugle voguant vers d'austères mirages
Epris d'élans curieux, corseté d'anxiété.

Je me glisse parfois dans quelque générique
Mais les lettres se brouillent et mon nom disparaît
Je prétends quelquefois à jouer ma musique
Mais les vents facétieux la noient dans les marais.

Je suis de ces passants dont on oublie la forme
Sous le soleil la pluie, vite, je m'évapore
Vite, je me dissous. Vite, disparais.

jeudi 5 mars 2015

La ligne


J'approche de la ligne ; oubliant le vertige
J'allonge un peu le pas.
La lumière crayonne quelques signes
Que je ne comprends pas
J'avance, métronome, vers le point de la ligne
Qu'on ne reconnaît pas.

Dans ma marche, je trace, de la main
Des symboles puis j'en oublie le sens
Ils ne me guident pas.

Je pétris la matière, la sculpte
A ma manière
Puis, la voit, incrédule se muer en poussière
Qui recouvre mes pas.

Quelques silhouettes – accortes – m'émerveillent
Je tente de me joindre à leurs pas
Mais des reflets d'hier
M’envoûtent, me désespèrent.
Me poussent au faux-pas ?

J'approche de la ligne
Sans vertige...
Ou pas.

vendredi 6 février 2015

Errance


Il renonce aux bagages
Clés, cartes, même aux mouchoirs.
Il oublie jusqu'à son âge
Délaisse le moindre espoir.

Il se met en marche, la terre
Redevient sa maison
Dans son sommeil, la lumière
Enfante ses horizons.

La nuit, les reflets de la lune caressent son visage
Des ombres, avatars versatiles, mystères
Esquissent, figurent les présages
Que les ressacs têtus délavent, oblitèrent.

Le jour, sa mémoire des lieux,
En décors, en mirages,
Ebauche quelques chemins
Prépare son passage
Que des vents capricieux
Effaceront demain.


Il erre ; ses pieds soulèvent la poussière
Qui déjà, se dépose à chacun de ses pas.

dimanche 11 janvier 2015

Funambule 2015

Je glisse sur un fil
La chute me dévisage
Vers quel côté vais-je tomber ?
A moins que le vertige
Ne m'invite...
A voler

Dessous tout est là
Sombre multicolore, aigreurs
Dessous tout s'invente, s'épuise
En d'instables lourdeurs.
Funambule, je glisse
D'erreurs en erreurs.