dimanche 7 décembre 2014

Monsieur le père noël (à Jimmy etc...)


Monsieur ? Monsieur le père noël
Prête moi un vélo, des hasards, ma mémoire
Donne moi un chapeau apprends moi le violon,
Montre moi un chemin où brillent des étoiles.
Muettes.
Pas celles des écrans, ni celles qui se vantent
Celles qui écoutent, sans jugement, sans leçons.
Tends moi une autre main que celles qui se ferment
Que je lâche mes poings, entrouvre ma prison.

Monsieur le père noël, entends moi dans l'orage
Derrière mes grimaces, au-delà des jurons
Caresse moi le cœur, qu'il batte la chamade
Pour la fleur du dégel, le rose de l'horizon,
Invite mon regard, apprends moi d'autres gestes,
Ceux qui créent qui unissent,
Relient et même tissent,
Monsieur le père noël, dessine moi des ponts.

Monsieur le père noël, soutiens tout mon courage
A sourire à mes peurs, à tromper mes démons
Apprends moi ces hivers qui inventent des contes
Ouvre moi les printemps pour rire, exulter,
Fait jaillir des étés, les parfums et l'audace
De marcher sur des terres, vierges de tout sentier
Chante moi un automne empreint de sortilèges
Des saisons qui reviennent... Chuchote moi la paix...

Monsieur le père noël, garde toi de me croire
Si je dis « mon royaume ! Pour quelques beaux jouets »

Monsieur le père noël, en moi, voudras-tu croire ?
Laisse moi trébucher, sourire, me relever.

vendredi 17 octobre 2014

A l'orée de l'été.


Voilà les gorges sombres le désir déroutant
Les jupes qui s'envolent les corps s'arc-boutant.
Voilà le jour qui naît où les cœurs se déchirent
Voilà le cor qui sonne. Plus qu'un pas à franchir.

Voilà l'encre qui s'étale sur du papier mouillé
Les usines macabres, friches abandonnées
Voilà le parc qui tremble sous mes pieds hésitants
Un chêne qui s'incline sous la force du vent
Voilà ces terrains vagues où errent à jamais
Ces fantômes vivaces à l'orée de l'été !

Voilà l'instant profane imbibé de calmants
Voilà l'instant des rêves en costumes trop grands
Mes pas tronqués s'achèvent, de chutes en mausolées.
Voilà la ouate molle le passeur qui attend
Voilà le temps qui cogne, s'évade. A l'orée de l'été.

Ailleurs, c'est déjà le printemps.

vendredi 3 octobre 2014

Invisible


Il coule lentement, le fleuve aux berges tendres
Sous le vent qui le griffe, la brume qui le frôle
Il s'étire, s'étend, câlin contre la rive
Qui l'étreint.

Le long des rues honteux, sous la rouille gangrène,
- vestiges d'âmes mortes - des murs flous en cohortes
Défilent se déchirent, déguisent quelques portes
En destins.

Là ou ici, je passe, invisible. Quand le lampadaire
S'éteint.

dimanche 28 septembre 2014

Ici


Il est ici des formes vagues
Des ombres floues des intervalles
La ligne stricte d'un horizon.

Il est ici des teintes vides
Des rires creux jusqu'au vertige
Les pas cloutés et ce couvercle
Lourd et pesant cher à Baudelaire.

Je sais ici des heures vaines
Ce froid, les geôles, tant de complaintes.
Je sais ici les dérisions
L'or, le pouvoir, les illusions.

Car par ici, le sable irrite
Trop de microbes, trop de moustiques.
Il est ici tant de déserts
Pas ceux de sable, pas ceux de pierres.

Pourtant il est quelques transports
Partant encore vers d'autres ports.

jeudi 4 septembre 2014

Là-bas


Il est là-bas des formes vagues
Des ombres floues des intervalles
Plusieurs lignes d'horizon.

Il est là-bas des teintes qui moutonnent
Des rires qui se fredonnent
En légère apesanteur.

Il est là-bas océans de verdure
Mille lunes somnambules
Pour caresser les cœurs.

Il est aussi des mers de sable
Lisse, qui coule glisse crisse
En écheveaux de pistes ouvertes sous le vent.

Il est là-bas déserts de pierres
Qui soignent apaisent régénèrent
Blessures et douleurs.

Il est là-bas, un monde qui respire.
Vivant.

jeudi 28 août 2014

Offrande


J'ai regardé la lumière jouer avec les feuilles
Les vagues des épis danser au gré des vents
J'ai vu le marcassin trottiner sans se perdre
Mais le renard rusé flapi dans le ruisseau,
J'ai vu tant de gardiens égarés sans la trame
Des carrés dessinés, des lignes au cordeau
J'ai vu les souterrains où les peines s'entassent
Des lits de nénuphars flotter au fil de l'eau.

J'ai vu des magiciens, l'horizon qui s'enflamme
Le regard d'un enfant faisant taire les mots
J'ai vu l'instant d'après perpétuant le fugace
Le sourire évanoui, les rides sur la peau,
J'ai vu les dos voûtés, la main frêle qui tremble
L'espoir dans le regard penché sur un berceau,
J'attends l'instant prochain
Qui déjà me rappelle
Je revois le rideau de la pluie
Et j'attends...

J'attends de cet hier qui court sans perdre haleine
Qu'il dépose une offrande pour un très vieil enfant.

mardi 22 avril 2014

Pas


Que connais-tu de moi, toi qui marches sereine
Reconnais-tu mon nom sur ces boules de plomb
Qui roulent dans ma gorge, m'étouffent, me gangrènent
M'emprisonnent, futile, au pire des cachots ?

Sur les pavés disjoints et les marches indociles
Tes talons claqueraient-ils comme aux vents les drapeaux
Sous les gouttes têtues ou face à la bourrasque
Tes jambes sous la jupe auraient-elles l'audace
D’accélérer le pas ?

Hâteras-tu ton pas ? Tes pieds, pour toi décident.
Tu écartes, sépares le groupe, ce troupeau
Tu pénètres, déchires la membrane, rideau
La foule-monticule s’épand se désagrège
Pénombre sirupeuse qui s'étiole, puis fond.

Dans ta poitrine bruissent échos, battements
Ton rythme s'accélère
Où te mènent tes pas ?

mercredi 16 avril 2014

Couturière


Journée de pluie, jour de marché, la nonchalance...
Jour sur la grève, froide iodée, journée de chance ?
Un festin ! Je m'assoupis, dans l'air tremblote
Un parfum vague anesthésie, et quelques notes...

Loin, si loin, cet horizon rubicond
Le soleil ce confetti moribond
La mer indéfectible ricoche
Va-et-vient inassouvis sur la roche.

Jour de vent, soir de frimas, de ton aiguille
Tu couds, ombres et corps, trames, décors, les interstices,
Tous les replis, ourlets, surjets, fronces
Tu piques.


De ton patron
Ton mannequin,
Femme ou bien homme
Encore, encore, jour après jour
Tu les façonnes.

samedi 12 avril 2014

Désir


Et j'entre dans la nuit, innocent du malaise
Que les draps chiffonnés ont laissé sous ta peau
Le lit grince et je ris à l'étrange manège
Que font les souvenirs, mon cœur noir, leurs échos.

C'est un rideau tiré, une fenêtre blême
Un horizon bouché de vestiges idiots
Quelques vols hachurés de mouettes solitaires
Une attente figée dans l'absence de mots.

C'est un vide indistinct, un trop plein d'éphémères
Un râle qui mesure la distance, l'écot
Le prix désargenté de très vieilles chimères
Et le caillot de sang caché sous le brûlot.

Par l'alcôve flétrie, résonnent des prières
Famille qui gémit, psalmodie dans le noir
Fustigeant le désir, de sa lippe austère
La flamme insolente, qui danse sans mémoire.

samedi 8 mars 2014

Il paraît...


Il paraît que les jours viennent et s'entrelacent aux nuits. Il paraît que le sang veine ses errances sous la peau et qu'il n'est rien qui ne tienne plus haut qu'un drapeau.
Il paraît que la fleur qui pousse au bord du précipice a l'attrait du bonheur. Magnifique, sublime, tant que l'on s'en croit éloigné ; impossible à savourer, à portée de la main.
Il paraît que les prêches s'accordent au désert. Sans doute est ce la raison pour laquelle tant et tant de mes congénères s'attachent à transformer les espaces alentours en zones désertiques ?

Il paraît qu'il faut. Qu'on doit. Il paraît même la Vérité.


Je ne sais pas vous, mais moi, j'ai vers le sommet de la tête deux fragiles lampes vacillantes éclairant vaguement une petite zone devant moi. Un outil à la main, je creuse. Un petit trou, une anfractuosité. Petite. C'est parfois pénible, parfois plus facile. Peu à peu, je me glisse dans cet espace libéré qui m'insère.
J'ai aussi à la main un fil muni d'un petit crochet à son extrémité. Je le lance devant moi, comme au hasard, à la volée. Mais je suis maladroit et parfois mon geste fait que sa course le mène vers l'arrière et je ramène alors vers moi des tas de détritus, des objets hétéroclites, lourds, pesants et inutiles et je souffre.

Quand je m'applique, je rajuste mon geste et mon crochet rencontre autre chose, que je ne connais pas. Le fil trace une ligne, comme un chemin que je suis - de temps en temps seulement parce que cet inconnu me fait souvent peur - tout en continuant de creuser. Fréquemment, le fil casse tandis que je reçois aussi d'autres crochets qui m'atteignent. Certains avec douceur, d'autres plus brutalement. Bientôt, je suis au centre d'une pelote, mes mouvements sont plus difficiles ; je tire, pousse. Me sens poussé, tiré. Je lance, creuse et les fils mènent leurs vies de fils. Certains se désagrègent, disparaissent, ne laissant que la trace du grappin sous ma peau. Bientôt ma peau n'est plus que traces, cicatrices. D'autres croissent en taille, en vigueur, me transforment, disparaissent.

Il paraît que ce n'est pas vrai. Que je ne creuse pas ne lance rien. Que les choses sont ce qu'elles sont. Qu'il y a simplement ce qui est.

Bon.


Des petites lumières brillent dans mon crâne. Oui, je sais, il paraît qu'elles sont des étoiles ; qu'elles sont loin, très loin. En dehors de ma tête.
Si vous le dites.


Je m'assois. Le Temps continue sa danse. Quand je me suis assis, il m'a alors invité. Le vent donna le tempo, le rythme.
Autour de moi, des mannequins discouraient du bien, du mal. Plus loin, des marionnettes posaient leurs exigences et des automates stylés traçaient des tas de routes rectilignes. Impeccables.

Régulièrement, j'écrase les pieds de ma partenaire. Je perds l'équilibre. Je ne sais plus danser. Je danse vraiment mal.
Mais j'insiste encore.


Il parait....