samedi 31 décembre 2016

Au loin

J'aimerais oublier ce dont je ne me souviens plus
J'aimerais oublier ce que je ne connais pas
Grimper à la cime d'un arbre
Contempler la lumière
Regarder les feuillages qui bruissent
Leur éclat
Ecouter les murmures que fredonne l'hiver
Voir, sans amertume la rose se faner
Laisser mon cœur battre

Sourire, respirer.

vendredi 16 décembre 2016

Rêveur

Etait-il autre chose que le rêve d'un autre
Créature onirique avatar du sommeil
D'un quelconque rêveur ?

Etait-il autre chose qu'un faisceau de dentelles
Connexions empiriques fugaces hasardeuses
A l'insu d'un dormeur ?

Ou était-il - peut être - une scène d'un film
Un surplus obsolète occulté au montage
Au gré d'un narrateur ?


Où va-t-il, au réveil de cet autre qui le rêve
Rejoint-il une horde de compagnons rêvés
Par ce même rêveur ?

Se souvient-il de lui, éveillé,
Du rêve qui le nimbe,
Se voit-il quelquefois
Dans les yeux du dormeur ?

Prend-il quelque repos erre-t-il dans des limbes
Attend-il endormi, le sommeil du rêveur
Fait-il nuits après nuits, aussi, ses propres rêves
A son tour créateur ?

Ecrit-il des histoires des mythes des légendes
Connaît-il les regrets les remords et le temps
L'angoisse de la mort au réveil de qui le rêve
Etanche-t-il sa soif de réponses aux mystères
En s'inventant des Dieux des Prophètes des Lois
Fuit-il désespéré vers de paradisiaques ailleurs ?

Reconnaît-il l'amour, poursuit-il quelque quête
Répand-il la souffrance en répliques à ses peurs
Jusqu'en mes propres rêves
Quand j'oublie de douter
Me prends pour le rêveur
Qui va se réveiller
Convaincu d'être l'autre, l'individu qui rêve,
Et non sa créature

Onirique
Avatar

Du sommeil


D'un quelconque



Rêveur...

jeudi 1 décembre 2016

Ricochets

Accroupi, j'ai lancé mon bras
Vers l'autre berge
Lâché la pierre lisse
Vers les rayons rasant
Vers les rouges incendiaires
La lointaine lisière
Vers le rideau de branches
Qui bordait cet étang.

J'ai compté les rebonds.
Arabesques. Sursis
Espoirs d'autres, d'encore,
Une course de plus ?
Mais la pierre a coulé
La pierre a disparu.

Ma main a repéré un galet plus propice
Aux fugaces baisers aux rides entrelacées
La mince pellicule s'est muée en complice
Le temps de quelques bonds
Et puis l'a englouti.

La nuit est arrivée étouffant les feuillages
En une masse sombre, effaçant l'horizon
Les galets ricochaient, un à un sur la nappe
Placide de l'étang insouciant des rebonds
De l'envol, de la chute, fatale, inexorable
Des pierres qui gisaient, muettes tout au fond.



Je lançais des galets rêvant de longs voyages
De périples, d'odyssées, de pérégrinations...


samedi 3 septembre 2016

Partie


Ce n'était pas l'obscurité
Son tour n'était pas encore venu
Mais la lumière a déserté
Mes yeux trop ternes
Sans plus attendre.


La lumière avait disparu
Sous quelle pierre de l'univers s'était-elle cachée ?
Avait-elle un jour existé ?
De ce monde opaque je ne distingue
Que de vagues épaisseurs moites
Qui m'obsèdent m'oppressent.

Il n'y avait pas de héros
Fût-il de verre, de brins de laine
Peut être encore des oripeaux
Quelques lambeaux, traces anciennes ?
Plus de lumière, plus de reflets
Pas le silence mais pas de bruit
De vagues sons évanouis. Des acouphènes ?

Ce n'était pas l'obscurité
Amas de gris mal entassés
Au loin la forme d'une potence
Se consumait sans une flamme
Odeurs de cendres, des bouts d'histoires.
Feu la mémoire souvenir d'un brasier ?

Je n'avais pas vraiment vieilli
Sans rester jeune, et la lumière
En d'autres lieux s'était enfuie
Sans une promesse.

Ce n'était pas l'obscurité
Juste une vague épaisseur moite
Un poing qui serre ma poitrine
Quand dans ma tête, des portes claquent.

La lumière avait déserté.

L'obscurité ? Une promesse.

jeudi 1 septembre 2016

Quelque chose




Là, derrière les notes, quelque chose dura.
Au-delà des sons en deçà des silences
Quelque chose vibrait qui ne disait son nom
Ne dévoilait son âge, quelque chose vibrait
Que je ne savais pas.

Là, derrière la lumière, quelque chose brilla.
Au-delà de l'éclat du brillant et des ombres
Quelque chose éclairait qui ne se montrait pas
Qui ne disait son nom et qui n'avait pas d'âge
Plus loin que la lumière, tout à travers le sombre
Quelque chose éclairait que je ne voyais pas.


La maison prend les sons les transforme en musique
Et le chant de ses murs me consolent du temps
L'instant est univers il enfle se fractionne
Si j'étreins ses promesses ses traces ou ses ruines
Partout il se dérobe, déjà il n'est plus là.

Je suis l'arc et l'archer la flèche comme la cible
Je suis triste, j'ai peur ; quelque chose existait
Qui n'avait pas de nom et qui n'aura pas d'âge


Quelque chose existait que je n'embrassais pas.

mercredi 24 août 2016

Quelques instants de paix



A la pointe où la vague rencontre le genêt
Nous fîmes une halte, quelques instants de paix.
La mer berçait ses rêves, fragments éparpillés
D'un monde de chimères... Un silence jaillit.

Ma vision se troubla, la masse bleue, liquide
Se muait en désert ; un océan de dunes
Scintilla devant moi couleurs ocres et brunes
La silice exultait, rivières et cascades
De ses grains colportaient le chant inexpugnable
D'un monde sans dessein un monde sans frontières
De grâce de mystère... Le silence enfanta.

Mon regard s'aiguisa, j'embrassais la lumière
Du levant au ponant. Les songes de la mer
Que portent les courants jusqu'au bout de la pointe
Où nous fîmes une halte, se mêlèrent aux vents

Eveillant un silence.

lundi 25 juillet 2016

Eté




Par la fenêtre ouverte filtre la chaleur
Le silence volette se posent quelques notes
Musique. Parfums.


Par ta chemise ouverte glissent mes regards
C'est l'été le printemps a tenu ses promesses
L'hiver ne renaîtra qu'après la nostalgie
Il n'y a rien au-delà de ta chemise ouverte


Que le grain de ta peau...

mardi 12 juillet 2016

Printemps



Et le temps se fit dense.
Le printemps, tout en accointances flotta.



Il s'installe se dépose, léger
Les sons s'étirent de portes en portes
Sans feindre de s'excuser.
Ils transportent leur obole. Des partages sucrés.

Plus loin une branche s'impatiente
Frétille sous le vent. Ses feuilles superposent
Leurs reflets aux regards du passant
Elles brillent se verdissent d'apprêts.

Quelques pas illusoires et déjà
Tu me tournes le dos, déjà tu effaces les traces
Que je n'ai jamais su laisser.
Ton sourire s'envole au-delà des hameaux
Les larmes susurrent leur saveur sur ma peau.
Je cogne sur les portes mais leur bois emprisonne
Mon poing.

Des murs, glissent des chuintements diffus.
Ils fouillent, épousent toutes formes, les avalent, absorbent
Bientôt ne restent plus que regrets indistincts
L'amer soulagement des faux renoncements
L'odeur, âcre, fanée, des restes calcinés.

Et le temps se fit dense.

Le printemps tout en accointances, en frimas se mua.

vendredi 3 juin 2016

Il y a

Il y a ces sols fauves où rampent les espoirs
Des rochers de guimauve, des accents de guitare
Il y a ces voraces désirs de nulle part
Les fontaines, des ombres dansant dans les miroirs.

Il y a de fugaces apnées au cœur du Temps
Ces retours vers la grève que lèche l'océan
Il y a l'armistice qui gît entre deux  guerres
Tous ces morts qui existent par-delà la frontière.

Il y a de l'ébène tout maculé de sang
La lumière qui borde la nuit de son drap blanc
Des lèvres qui se scellent, l'enclave asphyxiée
Les battements obscènes, le sperme desséché.

Il y a nos paupières cousues au fil des mots
Les cohortes en armure, métal froid, leurs drapeaux
Qui claquent leurs féroces chants pour champ d'horreurs
Les théâtres bien sombres, branle-bas des ardeurs.

Il y a nos murmures qui dansent sur un fil
Les rires après la chute ou devant les fusils
Il y a des bourrasques qui caressent la terre
La pluie en hallebardes, des souvenirs amers.

Il y a cette empreinte, alliances désunies.
Il y a ces refuges où s'épuisent les nuits.
Il y a ces deux lunes dans le ciel de Tokyo
Un chat botté, ces ruses, le nez de Pinocchio.

Il y a des échardes, la camarde, les cris
Sous la peau, l'os, l'ivoire, les pleurs inassouvis...



Il est temps de défaire les décors, d'oublier
Les récits, les histoires, il est temps de ranger
Dans les plis, intervalles, aux creux des battements
Les futurs, craintes, espoirs ; les bijoux en fer blanc.

Il est temps de défaire il est temps de ranger
Les décors et les chaînes. Il est temps d'oublier.

samedi 16 avril 2016

Le homard


Un jour tout en obliques, où les lettres pivoines et les phrases artichauts, cœurs enfouis sous les feuilles baveuses, s'avachissaient d'ennui et de tristesse, j'eus l'idée d'inventer la vie, la terre, les femmes et puis les hommes. Mais je ne sais aujourd'hui encore, pas pourquoi je créais le homard.

Un jour, certainement, dans cette chambre close, pour conjurer les ombres, m'amuser dans la ronde où tout m'échappe et fuit, j'inventerai la mort. Par souci d'esthétique, l'élégance du geste, fût-il vain ou futile. Mais ce sera certainement par esprit de vengeance ou hélas, par dépit que je créerai les tiques, les outrages, les grincements de dents.
Bien sûr, je ne sais pas pourquoi j'ai laissé aux hasards les chevelures blondes, les princesses moribondes dans leur robe qui brille guettant dans leur donjon le retour imminent du père fouettard, quand elles croient attendre l'évanescent éphèbe qui pleurniche au portail.
Un jour, c'est le destin qui en est seul la cause. Le lendemain, l'ivresse, le besoin de câlins ou le feu qui s'éteint, le pollen qui s'envole, la forme des nuages, la carapace rose du homard sommeillant (pourquoi donc l'ai-je créé ?).

A toutes fins utiles, j'ai inventé les rêves puis fait semblant de croire qu'ils cessaient au matin. J'ai, évidemment aussi créé l'Histoire - ou bien l'histoire ? - en tout cas celle des absences transformés en récits. La mémoire qui sert à oublier. Depuis j'ai peur des grains de sable qui roulent et puis qui grippent et leur humour grinçant.
Au fait, comment donc ai-je pu faire pour créer le hasard ?

Là-haut sur la corniche une araignée file, vacille. Plus loin des flots de sang imbibent les déserts pour les rendre fertiles quand les vents malicieusement s'échinent à recouvrir les traces d'un ailleurs souverain.


Seul, sur ma chaise à bascule je fixe la ligne versatile, pendule horizontal. Et un, et deux... la chaise. Et trois, et quatre... la glaise. Et quatre et cinq la faim la soif... Et six.. et sept, s'égrènent... et huit... bascule, s'allonge infini. Il se gondole. Reptation, antre rouge, battements. Neuf... s'invente se réinvente la naissance, instant ! Aucune oblique. S'invite le homard...

dimanche 10 avril 2016

Dimanche

La fenêtre est fermée. La théière blanche se tait. Dehors, la lumière fredonne tout bas un air de printemps égaré que tout le monde ignore, dont tout le monde se fout. Les corolles s'affaissent, les roses entonnent leur sempiternelle rengaine de serments surannés ; j'aimerais oublier. Ou bien me rappeler.
La prairie en pente douce, jardin vu de l'orient, un ciel tout en nuances, un parapluie noir, pique-nique et audaces ; avril qui ne pouvait nier l'été.
Les salins en lignes franches, reflets, eau égaré, une chambre et janvier qui faisait tout son possible pour croire en un printemps. Mais le printemps tua l'été, août courageux agonisa silencieusement tandis que sur une autre planète, une nouvelle saison s'ébauchait. Nuances apaisantes, douceurs. L'automne reprend son souffle, prépare, rédempteur. Et ce fut février. Février... Février qui exulte, ravive les couleurs. Aussitôt effacées. Qu'importent les saisons, qu'importent les planètes, les mois et la douceur, les regards bleus, la fièvre, sourires et la chaleur. Au fond, les sentiers ne conduisent jamais qu'au bout du sentier !
La cloche de l'église scande toutes les heures, le vent souffle parfois, de l'ouest le plus souvent ; les oiseaux chantent, se taisent. Dans le ciel, le lune fait des manières. Son cycle influence les flots. Dans les postes, sur les écrans, les nouvelles succèdent aux nouvelles, déroulant l'illusion de vagues silhouettes flottant dans le néant, de vaguelettes immobiles d'un éternel présent, de passé mortifère, de futurs angoissants.
Au cœur, profond, se cache l'inconnu aux multiples facettes, tandis que sous mes yeux s'exhibent le sillon qui chaque jour approfondit sa trace, le rocher qui dévale, le gouffre tentateur. Dimanche ? Pas de quoi pavoiser.
La fenêtre se ferme. La théière se tait. Obstinée Dehors, la lumière s'entête à fredonner et les nuages pèsent. Hiver tout comme été.

Dimanche ! S'il venait un message, de quoi serait-il fait ?

mardi 29 mars 2016

Crier ?

A son cri, le silence sourit ; à sa façon, sobre, il s'en moqua. Nul fantôme, nulle âme vagabonde ne revint sur ses pas. Nulle aurore ni pénombre ne traça de chemin. Assoupies, les formes monotones esquissèrent leur ronde, rituel du matin.
Sous la coupole oblongue, le cri périclita, s'excusant de n'être plus le même, s'en voulant d'en être arrivé là. Des gémissements sortirent des cavernes. Là, Stupeur étayait le plafond d'où tombaient quelques Peines emportées aussitôt par des Sanglots défunts. Plus bas, bruissaient encore quelques Invectives mêlées à des Remords dont les afflux  visqueux taraudaient les racines d'archaïques piliers. Soudain une secousse interdit le passage d'un essaim équivoque de Peurs et de Plaisirs...
Sur une affiche publicitaire, Chaos paradait : "Chaos est ta demeure, que le ménage soit bien fait !" La musique  lancinante ronflait ses litanies faciles et bon marché, si habiles à se propager que l'air en paraissait saturé. De toutes parts, des prosélytes zélés, éviscéraient consciencieusement des rêves.
Et le cri s'assoupit, se tarit, s'évinça de lui-même. Le vide s'installa. Un écho prit sa place, venant de très très loin, d'avant le marchandage, d'avant les barricades, d'avant tous les linceuls. Un écho androgyne, dépourvu d'origine, psalmodique et cruel. Un écho versatile, féroce procréateur.
Ainsi, chaque nuit, épuisé de cette rivalité sourde, ces féroces combats que se livrent à son insu Echo et Narcisse, ce qu'il reste des rêves viennent apaiser ses misères, relever des décombres ce qui peut encore être sauvé. Au matin, la guerre et ses souffrances, rituels de nos chaînes, peuvent ressusciter.

Parfois, autour de l'équinoxe, entre aurore et pénombre, peu à peu enfle et roule un cri. Le silence sourit...