jeudi 19 janvier 2012

Exil



Mille milliers de voix effacèrent les traces
Ces routes carrossées aux pas de nos aïeux
Mille millions de cris abolirent les traces
Ces demeures éphémères où gisent nos aïeux.

La poussière gangrène les relais si vivaces
Gomme l'autrefois, les sillons présomptueux
Elle arase, abolit, une à une les traces
Sourdement vers l'oubli. Tenace, silencieux.

Aucun anniversaire n'est désormais possible
L'armoire à souvenirs git, inutile éventrée
Et le grenier fouillis de lambeaux gris, valises
D'ailleurs et de jadis, labyrinthe insensé
Evoque ces piscines qui peu à peu se vident
Jonchées de feuilles mortes, tristes abandonnées.

Liés, comme en écho, certains cris répercutent
Fragments éclats morceaux de ces traces oubliées
Tissent de nouveaux liens, perpétuant la lutte
L'impossible combat ; ils recréent le passé.

mardi 17 janvier 2012

Songe


Je n’ai pas de mémoire
Au sortir de l’hiver
Les mélancolies d’automne
Ont envouté mes nerfs
Une gangue de rêves, merveilleux, cauchemars
M’abrite. Si réels, si précieux dans le noir.

3 heures. La cloche sonne
Mais ne m’éveille pas. Songe.
J’écarte les rideaux
Sous le voile, l’arôme de ta peau
M’engourdit et tes seins sentinelles
Neutralisent mes mots.

Je ne suis plus que peau.

Je caresse musarde. Je griffe
Explore chaque pli, je longe chaque rive
Je glisse… te pénètre. Tu t’ouvres
Comme un fruit.
Va et vient. Métronome. Houle…

Tu accueilles, modèles, façonnes cet élan
La danse impérieuse nous échappe
Enjoint. Déjà, je m’abandonne
Aux courbes de tes seins.

4 heures. La cloche sonne.
Mais ne m’éveille pas
Songe après songe.
De chaleurs en frimas.

jeudi 12 janvier 2012

Faire taire


Faire taire les mots tus
Serrés les uns contre les autres
Apeurés
Les laisser se dissoudre
Aux prémices du Chant

Rire de ces mots besogneux
Vestiges
Sourire aux interstices
Parabole du Chant

Laisser les courbes du silence
Glisser sur les vallons
Du passé de l'enfance
Soulever les jupons

Sculpter l'eau et le sable
S'apparier au Chant
Au souffle au silence
Féconder le présent

mardi 10 janvier 2012

Jour et nuit


La ligne claire de la crète cisaille l'horizon. Que les deux toiles s'écartent et le gouffre exhalera ses senteurs rances accumulées au fil des âges. Odeurs de souffre, minérales, odeurs poisseuses des varechs, humus, odeurs de pourritures, aigres, odeurs des transformations invisibles. Passé. Bonsoir.

Quelle est la force qui couture la ligne déchirée ?
Mes paupières s'entrouvent, la lumière baigne leurs rivages. Lueurs. Bonjour.

samedi 7 janvier 2012

Cadre


Cadre… Qui découpe, met en boîte, soutient
Qu’hier était rectangle, loin du creux de mes mains.
Vœux, promesses d’outre-tombe, regards flous, incertains…

Lisière. La clairière y embrasse le soir
Zestes de chimères peur des au-revoir.

Passages. Labyrinthes.
Horizons et couloirs.

lundi 2 janvier 2012

Peut être


Quel monde ai-je créé
Mes enfants, quel monde vous ai-je laissé ?
Univers de vacarme de fureurs
Tourbillon de sarcasmes, cynisme, noirceurs.

Peut être lèverez-vous le voile
Laisserez les chaînes tomber ?
Glisser dans l'interstice, flotter
Retrouver l'air; l'espace
Là où vibre – amour – la lumière
Humble magicienne qui
Nous laisse croire aux rouges des coquelicots
Aux verts des feuillages ou aux bleus des flots.

Peut-être ; vous...