vendredi 3 juin 2016

Il y a

Il y a ces sols fauves où rampent les espoirs
Des rochers de guimauve, des accents de guitare
Il y a ces voraces désirs de nulle part
Les fontaines, des ombres dansant dans les miroirs.

Il y a de fugaces apnées au cœur du Temps
Ces retours vers la grève que lèche l'océan
Il y a l'armistice qui gît entre deux  guerres
Tous ces morts qui existent par-delà la frontière.

Il y a de l'ébène tout maculé de sang
La lumière qui borde la nuit de son drap blanc
Des lèvres qui se scellent, l'enclave asphyxiée
Les battements obscènes, le sperme desséché.

Il y a nos paupières cousues au fil des mots
Les cohortes en armure, métal froid, leurs drapeaux
Qui claquent leurs féroces chants pour champ d'horreurs
Les théâtres bien sombres, branle-bas des ardeurs.

Il y a nos murmures qui dansent sur un fil
Les rires après la chute ou devant les fusils
Il y a des bourrasques qui caressent la terre
La pluie en hallebardes, des souvenirs amers.

Il y a cette empreinte, alliances désunies.
Il y a ces refuges où s'épuisent les nuits.
Il y a ces deux lunes dans le ciel de Tokyo
Un chat botté, ces ruses, le nez de Pinocchio.

Il y a des échardes, la camarde, les cris
Sous la peau, l'os, l'ivoire, les pleurs inassouvis...



Il est temps de défaire les décors, d'oublier
Les récits, les histoires, il est temps de ranger
Dans les plis, intervalles, aux creux des battements
Les futurs, craintes, espoirs ; les bijoux en fer blanc.

Il est temps de défaire il est temps de ranger
Les décors et les chaînes. Il est temps d'oublier.

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