dimanche 10 avril 2016

Dimanche

La fenêtre est fermée. La théière blanche se tait. Dehors, la lumière fredonne tout bas un air de printemps égaré que tout le monde ignore, dont tout le monde se fout. Les corolles s'affaissent, les roses entonnent leur sempiternelle rengaine de serments surannés ; j'aimerais oublier. Ou bien me rappeler.
La prairie en pente douce, jardin vu de l'orient, un ciel tout en nuances, un parapluie noir, pique-nique et audaces ; avril qui ne pouvait nier l'été.
Les salins en lignes franches, reflets, eau égaré, une chambre et janvier qui faisait tout son possible pour croire en un printemps. Mais le printemps tua l'été, août courageux agonisa silencieusement tandis que sur une autre planète, une nouvelle saison s'ébauchait. Nuances apaisantes, douceurs. L'automne reprend son souffle, prépare, rédempteur. Et ce fut février. Février... Février qui exulte, ravive les couleurs. Aussitôt effacées. Qu'importent les saisons, qu'importent les planètes, les mois et la douceur, les regards bleus, la fièvre, sourires et la chaleur. Au fond, les sentiers ne conduisent jamais qu'au bout du sentier !
La cloche de l'église scande toutes les heures, le vent souffle parfois, de l'ouest le plus souvent ; les oiseaux chantent, se taisent. Dans le ciel, le lune fait des manières. Son cycle influence les flots. Dans les postes, sur les écrans, les nouvelles succèdent aux nouvelles, déroulant l'illusion de vagues silhouettes flottant dans le néant, de vaguelettes immobiles d'un éternel présent, de passé mortifère, de futurs angoissants.
Au cœur, profond, se cache l'inconnu aux multiples facettes, tandis que sous mes yeux s'exhibent le sillon qui chaque jour approfondit sa trace, le rocher qui dévale, le gouffre tentateur. Dimanche ? Pas de quoi pavoiser.
La fenêtre se ferme. La théière se tait. Obstinée Dehors, la lumière s'entête à fredonner et les nuages pèsent. Hiver tout comme été.

Dimanche ! S'il venait un message, de quoi serait-il fait ?

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