samedi 8 mars 2014

Il paraît...


Il paraît que les jours viennent et s'entrelacent aux nuits. Il paraît que le sang veine ses errances sous la peau et qu'il n'est rien qui ne tienne plus haut qu'un drapeau.
Il paraît que la fleur qui pousse au bord du précipice a l'attrait du bonheur. Magnifique, sublime, tant que l'on s'en croit éloigné ; impossible à savourer, à portée de la main.
Il paraît que les prêches s'accordent au désert. Sans doute est ce la raison pour laquelle tant et tant de mes congénères s'attachent à transformer les espaces alentours en zones désertiques ?

Il paraît qu'il faut. Qu'on doit. Il paraît même la Vérité.


Je ne sais pas vous, mais moi, j'ai vers le sommet de la tête deux fragiles lampes vacillantes éclairant vaguement une petite zone devant moi. Un outil à la main, je creuse. Un petit trou, une anfractuosité. Petite. C'est parfois pénible, parfois plus facile. Peu à peu, je me glisse dans cet espace libéré qui m'insère.
J'ai aussi à la main un fil muni d'un petit crochet à son extrémité. Je le lance devant moi, comme au hasard, à la volée. Mais je suis maladroit et parfois mon geste fait que sa course le mène vers l'arrière et je ramène alors vers moi des tas de détritus, des objets hétéroclites, lourds, pesants et inutiles et je souffre.

Quand je m'applique, je rajuste mon geste et mon crochet rencontre autre chose, que je ne connais pas. Le fil trace une ligne, comme un chemin que je suis - de temps en temps seulement parce que cet inconnu me fait souvent peur - tout en continuant de creuser. Fréquemment, le fil casse tandis que je reçois aussi d'autres crochets qui m'atteignent. Certains avec douceur, d'autres plus brutalement. Bientôt, je suis au centre d'une pelote, mes mouvements sont plus difficiles ; je tire, pousse. Me sens poussé, tiré. Je lance, creuse et les fils mènent leurs vies de fils. Certains se désagrègent, disparaissent, ne laissant que la trace du grappin sous ma peau. Bientôt ma peau n'est plus que traces, cicatrices. D'autres croissent en taille, en vigueur, me transforment, disparaissent.

Il paraît que ce n'est pas vrai. Que je ne creuse pas ne lance rien. Que les choses sont ce qu'elles sont. Qu'il y a simplement ce qui est.

Bon.


Des petites lumières brillent dans mon crâne. Oui, je sais, il paraît qu'elles sont des étoiles ; qu'elles sont loin, très loin. En dehors de ma tête.
Si vous le dites.


Je m'assois. Le Temps continue sa danse. Quand je me suis assis, il m'a alors invité. Le vent donna le tempo, le rythme.
Autour de moi, des mannequins discouraient du bien, du mal. Plus loin, des marionnettes posaient leurs exigences et des automates stylés traçaient des tas de routes rectilignes. Impeccables.

Régulièrement, j'écrase les pieds de ma partenaire. Je perds l'équilibre. Je ne sais plus danser. Je danse vraiment mal.
Mais j'insiste encore.


Il parait....

6 commentaires:

  1. Tu t'es mis à la pêche ?

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    1. De passage par ici ? surprise ! moi même y passe peu...

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  2. Une hérésie : pour publier un commentaire, il faut prouver qu'on n'est pas un robot. Pour cela, il nous est demandé de recopier "le texte affiché", "le texte" n'étant constitué que... de chiffres...

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  3. J'y passe aussi très peu. J'ai vu de la lumière. "Musique" très nouvelle, je trouve. J'aime. Il m'évoque un peu Beckett.
    Bon... je repasserai dans quelques mois. :)

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  4. La porte sera sans doute encore ouverte...

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