vendredi 29 janvier 2010

A Toi



Toi, oui Toi ! Toi !
Qu’est-ce que tu fais là ?
Tu dors ? tu rêvasses ?
Tu crois ? tu appelles ça des rêves ?
Tous ces petits mots qui tournent
Reviennent sans cesse
Litanies qui s’impriment dans chaque fibre
de ton corps.
Tes mâchoires serrées
Tes poings serrés
Tes orteils crispés
Ton ventre verrouillé
Ta chair nécrosée…

Mais je crie, m’insurge m’exaspère
Et déjà
L’énergie fuit, elle part
Je me vide.
Tout fuit, vers le sol
Et me voilà liquide
La terre absorbe
Le reste s’évapore.
Je ne suis plus.
Rien.

Eh, toi ! oui, toi !
Ah ? soubresauts,
La révolte, cris encore.
Oui, je crie.
Poser les pieds au sol, là
Les deux oui
Lever le menton
Inspirer. Ah oui, inspirer
Surtout inspirer, là.
En cet endroit précis.

Puis ça descend
L’air descend, tout descend
ça sort mais rien ne fuit.
Non, je le pousse dehors, ailleurs
Et partent avec lui toutes ces choses
Oui, ces choses, bien sûr, vous avez les noms
Vous avez les mots, inutile de les nommer,
Non ! ne les nommez pas
Ce sont de petits objets, de petits cubes noirs
De petits cubes, regardez-les, ils partent
D’eux-mêmes
Laissez-les partir, laissez-les…

Et puis, ça monte
Doucement, tout doucement
Quelques signes dans les pieds
Ça pétille un peu, ça sourit
Et ça jaillit.
Dedans. Frissons.
Les poils se dressent, la poitrine avec
Les lèvres s’étirent. Sourire, ô
Le beau sourire. Etendu, vaste
Profond comme nos cœurs qui battent.
La vie qui coule qui roule qui joue.
Elle est là. Elle joue, t’invite. Tu joues.
Jouis.

Regarde, regarde, regarde mais regarde !
Tes yeux sont dans ce qui t’entoure
Tout est là, en toi, tu n’es pas seul
Regarde-le, regarde-la, regarde-les
Tout doux, lentement, profite
Savoure, reçois.
Tout est là, en toi, tu n’es pas seul
Ecoute, écoute-la, écoute-le, écoute-les.
Ils jouent aussi, ils chantent, ils
Fredonnent, susurrent. Mélodies…

Ah ? ils ont peur ? toi aussi ?
Oui, oui, oui et ça roule, la vague
La vague
Laisse-la vivre cette vague
Laisse-la t’apprendre à nager
Tu coules ? mais oui, tu coules
Mais regarde – formidable –
Tu ne te noies pas
Tu es là, tu respires
Parce que tout respire en toi
Tu es respiration
Tu cries ? parce que tout est cri en toi
Ça jaillit ? parce que tout est là
Tout, depuis le début.
Tiens, viens, assieds toi
Là, si tu veux
Regarde encore, plus tranquille,
Tu vois toutes ces nuances ?
Tu vois ces différences ,
Ces reflets, ces parures ?
Tu vois tout ce minuscule ?
Tu vois l’insignifiant ?

Là, tu y es, regarde encore.
Laisse-le entrer. Tu sens ?
Insignifiance légère qui emplit
Tu t’envoles ? d’accord, les deux pieds au sol.
Tu sens la terre dessous ?
Ça pulse, ça vibre, ça résonne.
Profond. Racines ? d’accord.
Ah, tu veux chanter maintenant ? danser ?
Rire ? et tu pleures ?
Sens cette larme unique qui roule
Comme elle vient de loin
De si loin, elle
Coule, coule, coule…

Inspire encore, laisse encore.
Regarde comme elle est belle
Comme il est beau.

Toi aussi. Merci.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire