jeudi 8 juillet 2010

Toi et moi


La photo est ancienne
elle scande le temps
qui fait sa course
d'obstacles.
Obstinément.

L'enfant y est au centre
noël en noir et blanc
la coiffure d'indiens
couteau et tomahawk
debout et devant l'arbre
figé, en mouvement.


Et là, je ne peux dire
ce que cet enfant sait
ce qu'il n'a pas su dire
ce qu'il a réfréné.

Et là, je ne sais dire
ce que cet être sut
ce qu'il aurait pu dire
ce qu'il a enterré.

Déjà.


Un visage de cire
un regard scrutateur
absence de sourire
seul, en spectateur.

Qu'aurait-il à me dire
me prescrire, souffler ?
Que puis-je lui offrir
lui confier, lui donner ?

Qu'avons-nous à troquer ?


Je te donne mes trêves
du calme, du repos
mes mains pour qu'elles t'apaisent
ma peau et tous ses mots.

Rappelle-moi nos rêves
offre-moi tes sanglots
tes cris sans quoi je crève
pousse-moi dans le dos
redis-moi l'inouï, les blasphèmes
pousse-moi dans le dos.



Indien à la peau blême
traverse les contrées
reprends tout ton espace
vole, mords, affamé
parcours ; à perdre haleine,
sois ton œil, ébloui
dévore les mystères
le temps, inassouvi
fais vibrer de ton rire…
Et que ta voix résonne.
Vis la vie.
Et jouis.



Ici
âgé de trop de raide
de rigide, d'étroit
même si le temps presse
si la courbe décroît
tranquillement, je veille
sur nous
sur toi et moi.

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