jeudi 8 juillet 2010

Assassin


Tête basse, j’ai mis mes pas dans la procession
J’ai suivi comme un spectre, les silhouettes.
Ombre, derrière les ombres, statues en colonnes.
Automate derrière ces automates, formes virtuelles,
J’ai marché. Tout comme elles, j’ai marché.

Las, par inadvertance et hasard
Comme on se réveille, en sursaut j’ai heurté
Une croix, une dalle, une pierre
Pierre tendre sous le ciseau
Modelée par les gouttes de pluie
Et les pleurs acides, les larmes réfractaires.
Brique dans la vitrine. Pavé.
J’ai buté.


Mes pieds se sont enfoncés dans la poussière du temps
Etres, substances, vestiges oubliés.
De mon poids, sous tous les couvercles, mes talons
Ont creusé, mes orteils ont griffé, mon corps,
Affaissé, s’est enterré. Peu à peu.

J’ai mis plus que mes pas dans la procession.
J’ai conduit d’autres spectres, d’autres statues, silhouettes.
Le vent peut bien se lever, rien ne va se dissiper.

Depuis que j’ai marché, dans cette colonne,
De mon œil de cyclope, mon oreille si sourde,
Et ô combien fidèle, je trace des équerres
Dans le fond du jardin devenu cimetière
Dans la bulle sans fin qui jamais ne s’envole
Qui jamais ne se crève. Où je dors, sans rêver.
Assassin.

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