vendredi 9 juillet 2010

Ah, ah, ah...


La pièce était sombre. Et lunatique aussi.
Le long de ses murs couleur d'ombre,
des fils de soie tendus
et des taches verdâtres, drolatiques
s'en donnant à cœur joie.

Sa porte, femelle, était double. Et postiche aussi.
Elle ne s'ouvrait qu'à l'automne.
Des visages rieurs attendaient dès l'aurore
les visiteurs inquiets, soumis à leurs humeurs.
Sous leurs pieds, cliquetis de la forge
titillant, agaçant
leurs nerfs tendus d'opprobre.

Des laquais entichés de futurs catastrophes
égrenaient, fiers, replets, des serments, des reproches
et la pièce tourna au ballet des étoiles
noires
retenant, capturant la lumière.
Avant de l'exhaler.

Un bébé, terrifié vagissait sur sa couche.
L'aube morte sanglotait ses regrets
des soupirs asséchaient les corsages trempés
des nourrices affairés. Pouponnière géante.
Enchaînés, dans leurs geôles, s'époumonent
les justes, fulminent les héros,
tandis que sous l'égide, ses mailles,
bat le cœur trop fragile du modeste héraut.
Il console les riches de n'être pas aimés
tandis que de ses piques il exhorte
cohortes d'affligés romantiques
et le temple vacille
ses colonnes minées.

La pièce s'éclaire. Lunatique encore.
Le long de ses murs fauves
des masques sont cloués.
Et les peaux parfois tombent
en amas poussiéreux.
La brume s'évapore, admoneste ce lieu
qui redevient frivole, équivoque, crayeux.

La pièce s'illumine. Lunatique toujours.
Une goutte de sang s'étale ; disparaît…

Dans les plis de mon crâne où je l'ai dénichée
Gît cette farce ; l'existence.
Quand neurones copulent avec psyché…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire